Plantes à fleurs de la famille des Theaceae, le camellia a été rapporté du Japon par les marchands portugais au XVIe siècle. Le botaniste et médecin allemand Andreas Cleyer a été le premier européen à le décrire à la fin du XVIIe siècle, suivi par Kaempfer, sous le nom japonais de Tsubaki (椿).

En Chine, le camellia s’appelle cha (茶), c’est à dire l’arbre à thé. Selon l’idéogramme chinois, il serait une combinaison des symboles « arbre » et « printemps ». Les Chinois le cultivaient déjà en 2737 avant J.-C.. C’est la variété Camellia sinensis qui s’utilise pour faire du thé. Selon la légende, le thé a été découvert lorsqu’un ancien empereur chinois ordonna que toute l’eau du territoire fût bouillie avant d’être bue afin d’empêcher les maladies. Quelques feuilles de camélia tombèrent dans sa tasse et infusèrent. Le goût lui plut tellement que le thé au camélia vit le jour.

C’est Linné qui a attribué à cette plante le nom de Camellia Japonica en l’honneur du frère jésuite Jiri Josef Camel (latinisé en Camellus), éminent botaniste rendu célèbre par ses écrits sur la flore des Philippines.

Les premiers camellias sont introduits en France dès 1783. L’impératrice Joséphine de Beauharnais met cette fleur à la mode et collectionne les camellias avec beaucoup de bonheur au château de Malmaison. Au XIXe siècle, le camellia est couramment appelé « rose de Chine » ou « rose du Japon ». En 1848, Alexandre Dumas fils publie La dame aux camélias, oubliant un «  l  » mais rajoutant un accent. Son héroïne, Marguerite Gautier, arbore toujours une fleur de camellia, qu’elle apprécie particulièrement pour son absence de parfum. Elle la choisit de couleur blanche quand elle est disponible pour ses amants, rouge quand elle est indisposée.

L’orthographe camélia, consacrée par Dumas et validée par l’Académie Française, est toujours contestée par les amateurs du genre qui préfèrent en revenir à l’orthographe latine camellia.

L’abbé Laurent Bernard Berlèse (1784-1863), est né près de Trévise (Italie). Il a déménagé à Paris en tant qu’aumônier, où, en 1817, il cultive déjà les camélias. Sa fortune personnelle lui permit d’installer ses propres serres où il rassembla une grande collection de plantes.

Il a reçoit en 1836 la charge d’Aumônier de la Chapelle Expiatoire, sous le règne de Louis Philippe I. Cette cession, qui prévoyait en 1848 une rente de 2000 francs sans demander trop d’efforts, lui laisse l’opportunité de se consacrer aux études de botanique dans ses serres toutes proches de la rue de l’Arcade où il cultivait une collection de plus de 800 variétés de Camellias.

En 1837, la prolifération générale dans les variétés hybrides et la confusion sur la nomenclature le persuade qu’une monographie détaillée est nécessaire. Cette iconographie vit le jour en 1841 grâce à une souscription lancée par l’abbé auprès des visiteurs de ses serres : 250 souscripteurs participent.

Sans égal dans l’histoire des ouvrages botaniques, c’est autant un livre d’art qu’un traité scientifique sur la culture de cette plante. L’abbé Berlèse exprime dans la préface son ambition « que l’amateur Ie moins avancé, en y rencontrant les éléments de l’art, pût apprendre sans peine la culture générale du Camellia ». La lithographie avait été envisagée au départ puis fut remplacée par la gravure sur cuivre qui offrait une meilleure qualité des couleurs des fleurs et feuillages malgré l’élévation du prix. Les camellias ont été peints d’après nature par un artiste allemand, Johann-Jacob Jung (1819-1844).

Dans la préface de son ouvrage, l’abbé Berlèse explique comment le camellia a été introduit en Europe ainsi que l’origine de son projet :

« C’est l’art de l’hybridité qui décora nos serres et dota le commerce d’un des plus beaux produits horticoles de nos jours, je veux dire des fleurs ravissantes du Camellia du Japon. […] Introduit en Europe en 1739, le Camellia du Japon fut cultivé d’abord en serre chaude pendant soixante ans. Là il ne put développer son port majestueux, ni la grâce de son maintien, ni son riche et brillant fouillage ; là enfin sa floraison ne fut qu’incomplète et sa fructification presque nulle.
Heureusement pour l’Horticulture de notre siècle qu’en 1760 une reine de Naples, qui aimait les fleurs, en fit planter un individu, le type, en pleine terre, dans le jardin royal de Caserta. Là, cet arbrisseau, se croyant dans son pays natal, devint rapidement géant, se couvrit bientôt de fleurs nombreuses, et, par la suite, fructifia abondamment.


De cette stirpe intéressante prirent origine des progénitures nouvelles, peu remarquables il est vrai, mais variées. Celles-ci, livrées à leur tour à la fécondation croisée, rapportèrent des hybrides, dont les graines, fécondées de même artificiellement ou spontanément par la présence du petit nombre de congénères provenant alors de la Chine et du Japon, donnèrent, de leurs noces légitimes ou adultérines, des variétés et des hybrides fort intéressants et inconnus.
Par la suite enfin, le concours de ces circonstances ayant été répété, les bons effets se multiplièrent, et il en sortit en grande partie cette nombreuse lignée de fleurs admirables qui augmente tous les jours, et dont le mérite ne le cède en rien à celles qui nous vinrent plus tard directement de leur pays natal. […]

Mais un peintre et un éditeur ne pouvaient pas seuls suffire pour rendre intéressant et utile un ouvrage de telle nature. Il fallait d’abord que la partie scientifique fût traitée consciencieusement et avec lucidité ; il fallait que, élaborée sur l’expérience la plus consommée, elle fût mise à la portée de toutes les capacités. […] Indépendamment de la description botanique de chaque variété, facile à saisir, j’y ai classé toutes les observations importantes que l’étude spéciale de trente années m’avait révélées sur la végétation, la floraison, la fructification, les mœurs, les maladies, en un mot sur la culture tout entière de ce beau végétal.
Mon Iconographie n’est pas une montre seulement pour le commerce, elle est aussi un ouvrage d’art, un ouvrage scientifique. Mon but principal en donnant l’Iconographie fut celui de chercher la vérité dans la reproduction de la nature, et de décorer les bibliothèques d’un livre modèle, rappelant d’un côté une des plus belles fleurs de l’Asie, et de l’autre les progrès que l’art et la science lui ont fait faire en Europe. Voilà la tâche que je me suis imposée, et que je crois avoir fidèlement accomplie. »

L’abbé Berlèse avait l’amour des fleurs, qu’il a exprimé ainsi :

« L’amour de la fleur est peut-être la forme la plus simple, le sentiment instinctif de beauté, la noble faculté de notre âme. L’amour des fleurs fait partie de ces élégies de la vie humaine, ce qui en fait la plus universelle, la plus sincère, la plus innocente de toutes. L’amour des fleurs est enfin la plus haute passion, la plus sublime au cœur humain : c’est ce qui, au même titre que la musique, répond bien aux dons du ciel : c’est ce qui, au même titre que la peinture, dépeint bien les beautés des anges : c’est ce qui, au même titre que la poésie, célèbre avec solennité, et représente les merveilles du Paradis. »

Les 300 planches de camellias sont présentés sur cette page sous forme de diaporama, dans l’ordre des trois tomes constituant l’Iconographie du genre Camellia. Les passionnés de la culture du Camellia peuvent par ailleurs consulter l’intégralité du traité rédigé par l’abbé Berlèse en cliquant sur les boutons ci-dessous. Les textes décrivant chaque Camellia seront seront progressivement ajoutés.

Tome 1

Tome 2

Tome 3